J’ai voulu marquer une rupture délibérée avec la photographie humaniste traditionnelle, qui cherche à capturer l’âme d’un Paris qui, à mes yeux, n’existe plus,ou du moins, s’est métamorphosé au-delà de la simple reconnaissance.

Il existe une tendance nostalgique à vouloir préserver une image idéalisée de Paris, une ville de ruelles pavées, de bistrots enfumés, et de marchés animés peuplés de figures pittoresques.

Il faudrait effacer les automobiles, recadrer ou supprimer les bornes qui empêchent les voitures de se garer sur le trottoir, et tout ce qui défigure la Capitale mais qui a été imposé comme une nécessité.

Insister pour que la photographie d’aujourd’hui reproduise ces scènes est une forme de supercherie, un voile qui obscurcit la vision du Paris contemporain en constante évolution.

Je ne cherche pas à recréer un Paris qui n’est plus, mais je ne peux pas non plus imaginer Paris sans Montmartre, le Sacré- Cœur, le Quartier Latin, Notre-Dame, le Jardin du Luxembourg, le quartier du Marais et la Bastille.

On trouvera des lieux emblématiques et des avenues bruyantes, des lieux désespérants et des jardins tranquilles. On ne trouvera pas les Champs-Élysées devenu un lieu sans âme.

Je dois avoir produit des milliers d’images sur le thème de Paris, comment choisir quelques-unes pour figurer ici ? J’ai placé mes balises, opté pour un désordre savant, une anarchie régulée.

Voici mes choix, laissez derrière vous les attentes d’un passé idéalisé. Là où je suis né.

À Paris, l’insolente rebelle
Que j’ai souvent quittée
Pour ne partir jamais
Kiki of Paris