Je suis né après-guerre dans une famille modeste, où le quotidien était une lutte silencieuse contre la fatalité. Peut-être est-ce cette humilité qui a forgé mon regard, cette compréhension instinctive de la grandeur cachée des gens de peu, ceux que l’on ne regarde pas mais qui portent en eux une noblesse que personne ne songe à couronner.
Je suis parti sans regarder derrière moi, avec un appareil photographique, et ça ne s’est jamais véritablement arrêté.
Je savais depuis le départ que la route n’aurait pas de fin, qu’il faudrait y mettre un terme, mais j’ai toujours eu un goût prononcé pour l’échec, pour ceux qui chutent, pour ceux que l’on humilie.
Chaque regard capturé sur ces images est une couronne posée sur une existence que l’on aurait autrement ignorée.
Je suis un pas-grand-chose, une âme errante façonnée par les guides de la Beat Generation, Kerouac, Burroughs, Ginsberg... Leur prose brûlante et leurs vies dissolues ont tracé les contours de mon existence, m’ouvrant les portes d’un univers où l’éclat brut de la vérité est à la fois une bénédiction et une malédiction.
Leurs propos ont été des boussoles dans ma quête de liberté, des phares illuminant les chemins obscurs de ma folle odyssée.